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298-tir 2


Médaille en bronze de la Monnaie de Paris (Poinçon corne dabondance à partir de 1880) .
Frappée en 1970 .
Exemplaire rare, quelques traces de manipulations et de petits chocs minimes .

Artiste / Sculpteur : Cochet .

Dimension : 67 mm .
Poids : 149 g .
Métal : Bronze .

Poinçon sur la tranche (mark on the edge) : Corne dabondance + Bronze + 1970 .

Envoi rapide et soigné.

Le support nest pas à vendre .
The stand is not for sell .

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Charles Robert Darwin [tʃɑːlz ˈdɑːwɪn][2], né le 12 février 1809 à Shrewsbury dans le Shropshire et mort le 19 avril 1882 à Downe dans le Kent, est un naturaliste et paléontologue britannique dont les travaux sur lévolution des espèces vivantes ont révolutionné la biologie avec son ouvrage LOrigine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie, paru en 1859.

Célèbre au sein de la communauté scientifique de son époque pour son travail sur le terrain et ses recherches en géologie, il a adopté lhypothèse émise 50 ans auparavant par le Français Jean-Baptiste de Lamarck selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir dun seul ou quelques ancêtres communs et il a soutenu avec Alfred Wallace que cette évolution était due au processus de sélection naturelle.

Darwin a vu de son vivant la théorie de lévolution acceptée par la communauté scientifique et le grand public, alors que sa théorie sur la sélection naturelle a dû attendre les années 1930 pour être généralement considérée comme lexplication essentielle du processus dévolution. Au XXIe siècle, elle constitue en effet la base de la théorie moderne de lévolution. Sous une forme modifiée, la découverte scientifique de Darwin reste le fondement de la biologie, car elle explique de façon logique et unifiée la diversité de la vie[3].

Lintérêt de Darwin pour lhistoire naturelle lui vint alors quil avait commencé à étudier la médecine à luniversité dÉdimbourg, puis la théologie à Cambridge[4]. Son voyage de cinq ans à bord du Beagle létablit dans un premier temps comme un géologue dont les observations et les théories soutenaient les théories actualistes de Charles Lyell. La publication de son journal de voyage le rendit célèbre. Intrigué par la distribution géographique de la faune sauvage et des fossiles dont il avait recueilli des spécimens au cours de son voyage, il étudia la transformation des espèces et en conçut sa théorie sur la sélection naturelle en 1838. Il fut fortement influencé par les théories de Georges-Louis Leclerc de Buffon.

Ayant constaté que dautres avaient été qualifiés dhérétiques pour avoir avancé des idées analogues, il ne se confia quà ses amis les plus intimes et continua à développer ses recherches pour prévenir les objections qui immanquablement lui seraient faites[A 1]. En 1858, Alfred Russel Wallace lui fit parvenir un essai qui décrivait une théorie semblable, ce qui les amena à faire connaître leurs théories dans une présentation commune[5]. Son livre de 1859, LOrigine des espèces, fit de lévolution à partir dune ascendance commune lexplication scientifique dominante de la diversification des espèces naturelles. Il examina lévolution humaine et la sélection sexuelle dans La Filiation de lhomme et la sélection liée au sexe, suivi par LExpression des émotions chez lhomme et les animaux. Ses recherches sur les plantes furent publiées dans une série de livres et, dans son dernier ouvrage[6], il étudiait les lombrics et leur action sur le sol[7].
Biographie
Enfance et études
Charles Darwin à lâge de sept ans en 1816, un an avant la mort de sa mère, portrait par Ellen Sharples.

Charles Darwin est né dans la maison familiale, dite « maison Mount »[8]. Il est le cinquième d’une fratrie de six enfants d’un médecin et financier prospère, Robert Darwin (1766-1848), et de Susannah Darwin (née Wedgwood) (1765-1817). Il est le petit-fils du célèbre naturaliste et poète Erasmus Darwin (1731-1802)[B 1] du côté paternel et de Josiah Wedgwood (1730-1795), du côté de sa mère. Chacune des deux familles est de confession unitarienne, bien que les Wedgwood aient adopté l’anglicanisme. Robert Darwin, plutôt libre-penseur, accepte que son fils Charles soit baptisé à l’église anglicane. Néanmoins, les enfants Darwin fréquentent avec leur mère la chapelle unitarienne. Le prêcheur de celle-ci devient le maître d’école de Charles en 1817. En juillet de la même année, Susannah Darwin décède alors que Charles na que huit ans. En septembre 1818, il entre au pensionnat de l’école anglicane voisine, lécole de Shrewsbury[A 2]. Aimant peu les matières théoriques scolaires, il préfère galoper à cheval dans la campagne avec son chien, chasser, herboriser, collecter des animaux et des pierres[9].

Darwin passe l’été de 1825 comme apprenti médecin auprès de son père qui soigne les pauvres du Shropshire. À l’automne de la même année, il part en Écosse, à l’université dÉdimbourg pour y étudier la médecine, mais il est révolté par la brutalité de la chirurgie et néglige ses études médicales. Il apprend la taxidermie auprès de John Edmonstone, un esclave noir libéré, qui lui raconte des histoires fascinantes sur les forêts tropicales humides d’Amérique du Sud. Plus tard, dans La Filiation de lhomme et la sélection liée au sexe, il se sert de cette expérience pour souligner que, malgré de superficielles différences d’apparence, « les Nègres et les Européens » sont très proches[K 1].

Durant sa seconde année, Charles Darwin rejoint la Société plinienne (ainsi nommée en hommage à Pline lAncien considéré comme le premier naturaliste), un groupe d’étudiants spécialement intéressés par l’histoire naturelle[C 1] et au sein de laquelle il fait quelques allocutions[10]. Il devient un élève de Robert Edmond Grant, partisan de la théorie de l’évolution du naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck, tout comme son grand-père Erasmus Darwin lavait été. Sur les rivages du Firth of Forth, Charles participe aux recherches de Grant sur les cycles vitaux des animaux marins. Ces recherches portent sur l’homologie, théorie selon laquelle tous les animaux ont des organes similaires ne différant que par leur complexité, ce qui indique leur ascendance commune[A 3]. En mars 1827, Darwin fait un exposé devant ses camarades pliniens sur sa propre découverte : les spores noires souvent trouvées dans des coquilles d’huîtres sont selon lui les œufs d’une sangsue[C 2]. Il suit également les cours de Robert Jameson, s’initie à la stratigraphie géologique, à la classification des plantes et utilise les riches collections du muséum de luniversité, l’un des plus riches d’Europe de son temps[A 4].

En 1827, son père, insatisfait par l’absence de progrès de son jeune fils, l’inscrit pour obtenir un Bachelor of Arts au Christs College de Cambridge. Il s’agit de lui donner un diplôme de théologie, dans lespoir que Charles devienne pasteur anglican[A 5]. Néanmoins, Darwin aime mieux monter à cheval et chasser que se consacrer à ses études[L 1]. Avec son cousin William Darwin Fox, il commence à se passionner pour la collection des coléoptères[L 2]. Fox lui fait rencontrer le révérend John Stevens Henslow, professeur de botanique et grand connaisseur de ces insectes. Darwin rejoint alors les cours d’histoire naturelle d’Henslow et devient son élève préféré. Il est alors connu des autres professeurs comme « l’homme qui marche avec Henslow »[A 6],[L 3]. Quand les examens se rapprochent, Darwin se concentre sur ses études et reçoit des cours privés d’Henslow. Le jeune homme est particulièrement enthousiaste au sujet des écrits de William Paley, dont la Théologie naturelle (1802) et la conception divine de la nature le fascinent[L 4].

« Pour passer l’examen de bachelier, il était également nécessaire de posséder les Preuves du christianisme de Paley et sa Philosophie morale. J’y mis un grand soin, et je suis convaincu que j’aurais pu transcrire la totalité des Preuves avec une correction parfaite, mais non, bien sûr dans la langue de Paley. La logique de ce livre, et je puis ajouter, de sa Théologie naturelle, me procura autant de plaisir qu’Euclide. L’étude attentive de ces ouvrages, sans rien essayer d’apprendre par cœur, fut la seule partie du cursus académique qui, comme je le sentais alors et comme je la crois encore, se révéla de quelque utilité pour l’éducation de mon esprit. Je ne me préoccupais pas à cette époque des prémisses de Paley ; m’y fiant d’emblée, j’étais charmé et convaincu par la longue chaîne de son argumentation. »

— Autobiographie, p. 16

Von Sydow a avancé lidée que l’enthousiasme de Darwin pour l’« adaptationisme » religieux de Paley a paradoxalement joué un rôle, plus tard, lors de la formulation de sa théorie de la sélection naturelle[11]. Il passe ses examens en janvier 1831 et, s’il réussit bien en théologie, il remporte de justesse les épreuves de littérature classique, de mathématiques et de physique, arrivant dixième sur une liste de 178 élèves reçus[C 3].

Les obligations universitaires obligent Darwin à rester à Cambridge jusqu’en juin. Suivant les conseils d’Henslow, il ne hâte pas son entrée dans les Ordres. Inspiré par le journal de voyage du naturaliste allemand Alexander von Humboldt, il organise un voyage dans l’île de Tenerife avec quelques camarades d’études eux-mêmes fraîchement diplômés, afin d’étudier l’histoire naturelle des tropiques. Pour mieux se préparer, Darwin rejoint les cours de géologie du révérend Adam Sedgwick et, durant l’été, l’assiste à la réalisation dune carte géologique dans le pays de Galles[C 4]. Après avoir passé une quinzaine de jours avec des amis étudiants à Barmouth, Darwin retourne chez lui et découvre une lettre d’Henslow qui le recommande comme naturaliste approprié (même si sa formation n’est pas complète) pour un poste non payé auprès de Robert FitzRoy, capitaine de lHMS Beagle, lequel part quatre semaines plus tard pour faire la cartographie de la côte de l’Amérique du Sud. Son père s’oppose d’abord à ce voyage de deux ans qu’il considère comme une perte de temps, mais il est finalement convaincu par son beau-frère, Josiah Wedgwood II, et finit par donner son accord à la participation de son fils[A 7].
Voyage du Beagle
Le voyage du Beagle (27 décembre 1831 – 2 octobre 1836).

Sur les cinq années de lexpédition du Beagle (1831-1836), Darwin passe les deux tiers du temps à terre. Il fait un grand nombre dobservations géologiques, récolte des organismes vivants ou fossiles, et conserve avec méthode une riche collection de spécimens, bon nombre dentre eux étant nouveaux pour la science[12]. À plusieurs reprises durant le voyage, il envoie des spécimens à Cambridge, accompagnés de lettres sur ses découvertes. Cela va contribuer à établir sa réputation de naturaliste. Ses longues notes détaillées montrent sa capacité à théoriser et forment la base de ses travaux ultérieurs. Le journal qu’il tient alors, à l’origine destiné à sa famille, est publié sous le titre The Voyage of the Beagle (Le Voyage du Beagle). Il y récapitule ses observations, et fournit des informations sociales, politiques et anthropologiques sur un grand nombre de personnes qu’il rencontre, coloniaux comme indigènes[A 8].

Avant le départ, Robert FitzRoy[N 1],[C 5] avait donné à Darwin le premier volume des Principles of Geology de Sir Charles Lyell qui explique les reliefs terrestres par l’accumulation de processus graduels sur de très longues périodes de temps. À leur première escale à l’île de Santiago au Cap-Vert, Darwin observe une bande blanche en altitude dans des falaises volcaniques, bande composée de fragments de coraux et de coquillages cuits. Cette observation, conforme au principe de Lyell sur la lente montée ou descente des reliefs, ouvre à Darwin une nouvelle perspective sur lhistoire géologique de lîle, et lui donne lidée décrire un livre sur la géologie[C 6]. Cette découverte sera suivie par d’autres encore plus décisives[12]. Il observe que les plaines de Patagonie sont constituées de galets et de coquillages, comme des plages surélevées ; par ailleurs, lors de ses observations sur le séisme du 20 février 1835 à Concepción au Chili, il reprend le témoignage de FitzRoy qui a constaté la présence de bancs de moules au-dessus du niveau des pleines mers, ce qui indique que le niveau de la terre a été récemment surélevé. En altitude, dans les Andes, il observe que des arbres fossiles se sont développés sur une plage de sable, à proximité de coquillages marins. Enfin, il postule que les séismes sont « une étape dans lélévation dune chaîne de montagnes »[13] et émet la théorie selon laquelle les atolls coralliens se forment sur des cônes volcaniques en cours de submersion, ce quil confirme après que le Beagle est passé dans les îles Cocos[A 9],[L 5],[O 1].
Alors que le Beagle explore les côtes sud-américaines (ici la Terre de Feu), Darwin commence à théoriser sur les merveilles de la nature autour de lui. Peinture de Conrad Martens réalisée pendant le voyage.

En Amérique du Sud, Darwin découvre des fossiles de mammifères géants éteints inclus dans des couches de coquillages marins récents, ce qui indique une extinction récente sans pour autant révéler de traces de catastrophe ou de changement climatique. Bien qu’il identifie correctement l’un de ces fossiles à un Megatherium et qu’il reconnaisse des fragments de carapace de tatou local, il estime que ces restes sont reliés à des espèces africaines ou européennes ; c’est seulement après son retour que Sir Richard Owen démontre que ces restes sont en réalité proches de créatures ne vivant quen Amérique[C 7],[14],[A 10].

Le deuxième volume de l’ouvrage de Charles Lyell argumente contre le transformisme de Lamarck et explique la distribution des espèces par des « centres de création » (la création divine ne se serait pas déroulée en une fois, mais en plusieurs fois, après des catastrophes ayant fait disparaître les espèces précédentes)[A 11]. Darwin le reçoit et le lit avec attention, il en déduit des idées qui dépassent ce quavait imaginé Lyell[A 12]. En Argentine, il observe que les deux types de nandous occupent des territoires séparés mais se chevauchant en partie. Sur les îles Galápagos, il collecte des miminis et note qu’ils diffèrent en fonction de l’île de provenance. Il avait également entendu dire que les Espagnols vivant dans ces régions sont capables de dire d’où viennent les tortues à leur simple aspect, mais les Espagnols ont conclu qu’ils les ont eux-mêmes introduites[A 13]. En Australie, l’ornithorynque et le rat-kangourou lui semblent si étranges qu’ils semblent avoir été l’œuvre de deux créateurs différents[M 1].

Au Cap, Darwin et FitzRoy rencontrent Sir John Herschel, qui avait depuis peu écrit à Lyell au sujet du « mystère des mystères », l’origine des espèces. Lorsqu’il organise ses notes pendant son voyage de retour, Darwin écrit que si ses soupçons au sujet des miminis et des tortues sont justes, « de tels faits sapent la stabilité des espèces », puis, il ajoute prudemment le conditionnel « pourraient »[15],[16]. Il écrit plus tard que « de tels faits m’ont semblé jeter un peu de lumière sur l’origine des espèces »[N 2].

Trois indigènes de la Terre de Feu qui avaient été accueillis par le Beagle lors de son précédent voyage sont à bord : ils y reviennent comme missionnaires. Durant leur séjour de deux ans en Angleterre, ils sont devenus des « civilisés », aussi leurs proches apparaissent-ils à Darwin comme des « sauvages malheureux et avilis »[17]. Un an plus tard[N 3], les missionnaires qui ont été laissés sur place ont abandonné leur mission et seul Jemmy Button vient à leur rencontre ; il est en effet retourné à la vie sauvage et il leur annonce quil na « aucun désir de retourner en Angleterre » et quil est « content et comblé » de son sort[M 2]. À cause de cette expérience, Darwin vient à penser que lhomme nest pas tant éloigné des animaux, et que la différence est surtout due à des différences davancées culturelles entre civilisations plutôt quà des différences raciales. Il déteste l’esclavage qu’il a vu ailleurs en Amérique du Sud, et est désolé des effets du peuplement européen sur les aborigènes dAustralie comme sur les Māori de Nouvelle-Zélande[C 8]. FitzRoy est chargé d’écrire le récit officiel du voyage du Beagle ; peu avant la fin du périple, il lit le journal de Darwin et lui demande de le retravailler afin den faire le troisième volume, celui consacré à l’histoire naturelle[C 9].
Début de la théorie de lévolution de Darwin
Encore jeune homme, Charles Darwin rejoint lélite scientifique britannique. Portrait par George Richmond, fin des années 1830.

Alors que Darwin est toujours en voyage, Henslow travaille à faire connaître son ancien élève en communiquant à des naturalistes éminents des exemplaires de fossiles et une brochure de Darwin contenant ses lettres sur la géologie[18]. Au retour du Beagle, le 2 octobre 1836, Charles Darwin est devenu une célébrité dans les cercles scientifiques. Après être passé à sa maison de Shrewsbury et avoir revu sa famille, il retourne au plus vite à Cambridge pour voir Henslow, qui lui conseille de trouver des naturalistes capables de décrire les collections et den établir le catalogue, et qui accepte lui-même de soccuper des spécimens de botanique. Le père de Darwin rassemble alors des fonds qui permettent à son fils de devenir un homme de science financièrement indépendant. Cest donc un Darwin enthousiaste qui fait le tour des institutions de Londres dans lesquelles il est partout honoré. Il cherche alors des experts pour décrire les collections, mais les zoologistes ont un énorme retard dans leur travail et certains spécimens courent le risque dêtre tout simplement oubliés dans les réserves[A 14].

Cest avec une grande curiosité que Charles Lyell rencontre Darwin pour la première fois, le 29 octobre, et il se hâte de le présenter à Sir Richard Owen, un anatomiste promis à un bel avenir, qui a à sa disposition les équipements du Collège royal de chirurgie pour étudier les ossements fossiles que Darwin a recueillis. Parmi les résultats surprenants dOwen figurent des paresseux géants, un crâne semblable à celui dun hippopotame appartenant au Toxodon, un rongeur éteint, ainsi que des fragments de carapace dun énorme tatou disparu (le glyptodon), et que Darwin a dès le départ conjecturé[19],[16]. Ces créatures fossiles nont en effet aucun rapport avec les animaux africains, mais sont étroitement liées aux espèces vivant en Amérique du Sud[A 15],[C 10].
La première esquisse de Darwin dun arbre phylogénétique tirée de son First Notebook on Transmutation of Species (1837).

À la mi-décembre, Darwin se rend à Cambridge pour organiser le travail sur ses collections et réécrire son journal[C 11]. Il rédige son premier article où il montre que la masse continentale sud-américaine connaît une lente surrection et, chaudement appuyé par Lyell, le lit à la Société géologique de Londres le 4 janvier 1837. Le même jour, il offre à la Société zoologique ses exemplaires de mammifères et doiseaux. Lornithologue John Gould ne tarde pas à faire savoir que les oiseaux des Galápagos que Darwin croit être un mélange de merles, de « gros-becs » et de fringillidés, constituent, en fait, treize espèces distinctes de fringillidés. Le 17 février 1837, Darwin est élu au Conseil de la Société géographique et, dans son adresse présidentielle, Lyell présente les conclusions dOwen sur les fossiles de Darwin, en insistant sur le fait que la continuité géographique des espèces confirme ses idées actualistes[A 16],[20].

Le 6 mars 1837, Darwin sinstalle à Londres pour se rapprocher de sa nouvelle charge à la société de géographie. Il se joint au cercle formé autour de scientifiques et de savants comme Charles Babbage notamment, qui croit que Dieu a davance ordonné la vie selon des lois naturelles sans procéder à des créations miraculeuses ad hoc. Darwin vit près de son frère Erasmus, un libre-penseur, qui fait partie du cercle Whig et dont lamie intime, lauteur Harriet Martineau, promeut les idées de Thomas Malthus quon trouve à la base des réformes de la Poor Law prônées par les Whigs. La question de Sir John Herschel sur lorigine des espèces est alors abondamment discutée. Des personnalités du milieu médical, y compris le Dr James Manby Gully vont même jusquà rejoindre Grant dans ses idées de transformation des espèces, mais aux yeux des scientifiques amis de Darwin une hérésie aussi radicale met en péril la base divine de lordre social déjà menacé par la récession et les émeutes[A 17].

Consécutivement John Gould fait savoir que les moqueurs polyglottes des Galápagos originaires des différentes îles sont des espèces distinctes et pas seulement des variétés, tandis que les « troglodytes » constituent encore une autre espèce de fringillidés. Darwin na pas noté précisément de quelles îles proviennent les exemplaires de fringillidés, mais il trouve ces renseignements dans les notes dautres membres de lexpédition sur le Beagle, y compris celles de FitzRoy, qui a enregistré plus soigneusement ce quils ont eux-mêmes collecté. Le zoologiste Thomas Bell montre que les tortues des Galápagos sont indigènes dans larchipel. Avant la mi-mars, Darwin est convaincu que les animaux, une fois arrivés dans les îles, se sont en quelque sorte modifiés pour former sur les différentes îles des espèces nouvelles ; il réfléchit à cette transformation en notant le résultat de ses pensées sur le « carnet rouge » quil a commencé sur le Beagle. À la mi-juillet, il commence son carnet secret, le « carnet B », sur cette transformation et, à la page 36, il écrit « je pense » au-dessus de sa première esquisse dun arbre montrant lévolution[A 18],[16].
Surmenage, maladie et mariage

Alors quil est absorbé dans létude du transformisme, Darwin est pris par des travaux supplémentaires. Tandis quil en est encore à réécrire son Journal, il entreprend de réviser et de publier les rapports dexperts sur ses collections et, avec laide de Henslow, obtient une subvention de 1 000 livres sterling pour financer lécriture de Zoologie du Voyage du H.M.S. Beagle, éditée en plusieurs volumes. Il accepte des délais impossibles à tenir pour cette tâche ainsi que pour un livre sur la Géologie de lAmérique du Sud qui soutient les idées de Lyell. Darwin finit de rédiger son Journal le 20 juin 1837, juste au moment où la reine Victoria monte sur le trône, mais il lui reste encore à corriger les épreuves[C 12].

La santé de Darwin souffre dune réelle surcharge de travail. Le 20 septembre 1837, il ressent des « palpitations du cœur ». Son médecin lui ayant prescrit un mois de repos, il se rend alors à Shrewsbury chez des parents du côté maternel à Maer Hall mais il les trouve trop curieux de ses histoires de voyages pour lui laisser quelque repos. Sa cousine Emma Wedgwood, charmante, intelligente et cultivée, et de neuf mois plus âgée que Darwin, soigne la tante de celui-ci, laquelle est invalide. Son oncle Jos lui fait voir un endroit où des cendres ont disparu sous la glaise et suggère quil peut sagir du travail des lombrics. Cest ainsi lorigine dune conférence que Darwin fait à la Société géologique le 1er novembre, dans laquelle il démontre pour la première fois le rôle des lombrics dans la formation des sols[A 19],[21].

William Whewell incite Darwin à accepter la charge de secrétaire de la Société géologique. Après avoir dabord refusé cette tâche supplémentaire, il accepte le poste en mars 1838[A 20]. En dépit de la besogne apportée par les travaux décriture et dédition, il réalise des progrès remarquables sur le transformisme. Tout en gardant secrètes ses idées sur lévolution, il ne manque aucune occasion dinterroger les naturalistes expérimentés et, de façon informelle, les gens qui possèdent une expérience pratique comme les fermiers et les colombophiles[12],[A 21]. Avec le temps sa recherche sélargit : il se renseigne auprès de sa famille, enfants compris, du majordome de la famille, de voisins, de colons et danciens compagnons de bord[C 13]. Il englobe le genre humain dans ses spéculations initiales et, le 28 mars 1838, ayant observé un singe au zoo, il note la ressemblance entre son comportement et celui dun enfant[A 22].

Tous ces efforts finissent par se faire sentir et, dès juin 1838, il est forcé de saliter quelques jours sans interruption en raison de problèmes destomac, de migraines et de symptômes cardiaques[A 23]. Tout le reste de sa vie, il devra plusieurs fois sarrêter de travailler avec des épisodes de douleurs à lestomac, de vomissements, de furoncles sévères, de palpitations, de tremblements e